À la faveur d’une réunion organisée à leur propre initiative jeudi 20 mars 2025, les membres du Conseil des Sages de Cordemais ont révélé aux habitants de la communauté de commune Estuaire et Sillon des données essentielles sur l’avenir des ramassages des ordures ménagères, les déchetteries et les coûts de redevance appliqués aux ménages. Synthèse en trois points.
Les organisateurs de la soirée ont commencé par préciser que le Conseil des Sages de Cordemais a été créé par la nouvelle équipe municipale en 2020 mais que leurs membres demeurent bénévoles non élus. A ce titre, ils ne représentent pas la Mairie mais exercent un rôle de consultation et animation pour « faire vivre la démocratie participative au sein de la commune ».
« faire vivre la démocratie participative au sein de la commune »
Remarquant le mécontentement de la population sur le sujet des déchets, ils se sont emparés du sujet pour proposer cette réunion publique. En l’absence d’élu majoritaire pour justifier les choix de la collectivité, la présentation s’est basée sur le Rapport Annuel Déchets 2023 publié le 30 septembre 2024, un document légal dont la diffusion par la collectivité est obligatoire. Une rencontre préalable du collectif avec Mr Pascal Martin, maire du Temple et président de la commission déchets a apporté un éclairage supplémentaire à ces explications.
(Débat) public ou privé (de dessert(e)) ?
La communauté de commune Estuaire et Sillon est constituée de deux anciennes entités qui conservaient jusqu’à aujourd’hui leur propre fonctionnement pour le ramassage des ordures ménagères. Cordemais, Le Temple et Saint Etienne de Montluc sous-traitent le ramassage à l’entreprise privée Véolia destinant les déchets à l’incinération via l’usine Arc en Ciel de Couëron, quand les huit autres communes bénéficient des services d’un syndicat mixte public la SMCNA gérant le centre d’enfouissement de Treffieux. Ce dernier arrive à saturation, et dans l’attente de la mise en service de la future usine d’incinération de la prairie des Mauves à l’Est de Nantes, la communauté de commune doit trouver rapidement des moyens de substitution.
D’ici la fin du premier semestre 2025, le conseil communautaire d’Estuaire et Sillon décidera de la nouvelle gestion de la collecte des déchets, harmonisée pour les 11 communes. Public ou privé ? L’impact pour les emplois et la qualité de service n’est certainement pas négligeable. Le Conseil des Sages de Cordemais demande ainsi de la transparence sur les critères amenant les élus à déterminer la solution qui engagera la collectivité pour de nombreuses années.
Déchetteries et des cachoteries
Des bruits courraient déjà sur la commune, confirmation a été apportée : la déchetterie de Cordemais devrait fermer définitivement, à priori fin 2026. Il en va de même de l’actuelle déchetterie de Saint Thomas à Saint Etienne de Montluc. Le projet ? Créer une déchetterie moderne à La Gâtais, à côté de la SCA Ouest. Curieux que la population l’apprenne de la part des membres du Conseil des Sages … Une annonce qui n’a pas déclenché la liesse des participants à la réunion.

Sur quels critères cette décision impactante a-t-elle été prise ? Nul n’était capable de répondre à cette question dans l’assemblée. Le Conseil des Sages de Cordemais demande à participer à la réflexion sur la mise en place de ce nouvel équipement, soulignant que l’entreprise mandatée pour l’étude n’est pas constituée de futurs usagers. Une pincée de proximité et de consultation citoyenne, c’est possible ?
Plus on trie et plus on paye ! TGAP ou t’es pas cap ?
Pourquoi les prix de la redevance ne cesse d’augmenter ? Selon les élus, une partie de la hausse des coûts serait à imputer aux prélèvements croissants générés par la TGAP. La Taxe Générale sur les Activités Polluantes s’applique entre autres au tonnage de déchet destinés à l’incinération ou à l’enfouissement. Cette taxe augmente tous les ans, en particulier pour les déchets enfouis, ce qui correspond à deux tiers des déchets ménagers de la communauté de commune Estuaire et Sillon.

Un rapide calcul sur la base des chiffres de l’évolution des coûts de la TGAP et en considérant un tonnage constant laisse apparaître une augmentation de la TGAP de 1 euro par habitant entre 2023 et 2025 pour les ordures ménagères.


Sans informations plus précises, difficile de savoir si cette estimation est cohérente avec la réalité. Seule une communication des chiffres réels permettrait de se faire une idée de l’impact effectif de la TGAP sur les redevances prélevées aux familles.
Dans tous les cas, la tendance est à la hausse du coût des déchets. Les efforts de tri ne compensent pas, au niveau des ménages, les contraintes financières que font porter la gestion et la nécessaire revalorisation des déchets. C’est bien collectivement que le problème doit être géré, et seule la transparence et l’échange permettront d’apaiser les débats.
Une telle soirée, bien qu’organisée par une instance à la position ambiguë, de l’aveu même de ses membres, puisque tout le monde peine à savoir si elle émane ou non de l’équipe élue en place, rappelle que la démocratie se nourrit de la confrontation des idées et d’échanges éclairés et construits. De la rencontre et du dialogue, qui font si cruellement défaut à ce territoire.